L’humour : Un outil précieux pour les enfants !
« J’ai une blague à raconter ! » Que ce soit en famille ou entre amis, les enfants ne manquent pas une occasion de répéter la blague de l’heure. Petit tour d’horizon sur l’humour juvénile et ses bienfaits pour l’enfant.
« L’humour s’apprend, comme on apprend le langage », indique Eva Grenier-Lespérance, psychoéducatrice au CHU Sainte-Justine. Il se développe à travers les interactions sociales. À commencer par la famille.
« L’enfant va se modeler à notre manière de réagir à l’humour des autres. » Et si les plaisanteries font partie des soupers familiaux, il essaiera de les répéter à ses amis. « C’est de l’apprentissage par observation. »
Différents stades
L’humour est aussi lié au stade de développement cognitif de l’enfant, à sa compréhension de l’environnement.
À 4 ans, tout ce qui déroge de la routine peut devenir hilarant. Les non-sens ont la cote.
Autour de 7 ans, deux frères qui jouent ensemble recourent à l’humour plus souvent entre eux que deux sœurs ou un duo mixte, révélait une étude de l’Université Concordia, publiée en 2019. Les garçons ont un penchant pour l’humour absurde, l’humour pipi-caca, les clowneries, les grimaces, les gestes ridicules.
Entre 7 et 10 ans, les jeux de mots et les vidéos drôles, comme les gens qui tombent, font pouffer les enfants.
Vers 11 ans, l’humour se raffine, il devient plus implicite. C’est la compréhension du double sens, du sarcasme et de l’ironie.
Quant à l’autodérision, elle se développe avec l’estime de soi. Un enfant confiant aura plus tendance à faire des blagues, à répondre à celles des autres et à rire de lui-même.
Jokes plates
Comment réagir aux jokes plates de notre enfant ? On peut lui dire : « J’ai vu que tu as tenté de faire une blague. C’est super d’avoir essayé ! Mais moi, je l’ai perçue comme ça », suggère Eva Grenier-Lespérance. « L’idée est de lui faire réaliser que dans ce contexte-là, ce n’était pas si drôle. Que l’autre peut avoir une conception différente. » L’humour se peaufinera.
Quant aux farces scatologiques, elles font (malheureusement) partie du développement. On intervient plus sérieusement quand elles s’étirent dans le temps.
Un outil pour désamorcer
L’humour désamorce bien des situations désagréables. Il suffit parfois d’une petite blague pour déstabiliser son enfant, le décentrer de son émotion négative et permettre de revenir sur le problème pour trouver des solutions.
Les livres de blagues et les comédies peuvent aider un enfant à gérer des émotions difficiles. Ils ouvrent aussi à d’autres formes d’humour.
Quelques pièges à éviter
À 4, 5 ou 6 ans, l’enfant ne saura pas détecter l’ironie. Si on lance à la blague : « T’es donc ben poche ! », il le prendra au premier degré. La benjamine a une peur bleue des bibittes ? Plaisanter sur le sujet ou lui lancer une araignée n’est pas approprié.
Un enfant gêné se pose la question : « Est-ce que les autres rient de ma blague ou ils rient de moi ? » Comment l’accompagner dans l’humour ? Surtout pas en l’obligeant à jouer au bouffon. « Forcer un enfant timide le refermera encore plus », prévient la psychoéducatrice. On l’amène plutôt à relever de petits défis, à prendre la parole devant un proche, à développer son estime de soi.
Un signal à surveiller
Doit-on s’inquiéter d’un retard ou d’une absence d’humour ? « On doit le considérer », estime Eva Grenier-Lespérance. Si l’enfant ne sourit jamais, qu’il ne réagit pas aux blagues des copains de son âge, c’est peut-être un signal d’alarme. Il vaut mieux consulter. « Ça peut être causé par différentes choses. Est-ce qu’il entend bien ? Est-ce qu’il voit bien ? Est-ce qu’il comprend le niveau de langage ? »
Par ailleurs, si votre aîné rigole constamment et qu’il ne semble plus heureux du jour au lendemain, c’est aussi préoccupant.
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Article très intéressant, je fais moi-même un article dessus ! Merci pour l’avis de la psy, précis et très enrichissant !